2023 Extinction des feux

Extinction des feux est une installation accueillie dans la très belle exposition Là où je me terre, sous commissariat avisé de Mélanie Rainville, présentée à l’ISELP (Bruxelles) du 28 avril au 1er juillet 2023. Avec Léa Belooussovitch – Olivia Boudreau – Maren Dubnick – Jean-Maxime Dufresne & Virginie Laganière – Bruno Goosse – Harold Lechien – Katherine Longly – Charlotte Lybeer – Léa Mayer & Maëlle Maisonneuve – Set & Chloé.

Extinction des feux est une étape du projet de recherche (table [rase) campagne]

« l’air est imperceptible en général, et sujet à perception seulement lors d’une perturbation. L’appareillage sensoriel puis technique pour nommer cette perturbation et en préciser la teneur, et finalement la capacité de décrire l’air sain, apparaissent comme enchâssés dans la crise que représente la pollution de l’air à l’échelle individuelle ou collective. »1

Comment mesurait-on la qualité de l’air (supposée idéale en altitude) lors de la construction des sanatoriums destinés à combattre l’épidémie de tuberculose, soit principalement dans les années 30 ? Elle s’évaluait de manière visuelle au moyen de la carte de Ringelmann2. Plus l’air est transparent, plus il est supposé être pur, car les fumées qui irritent, comme le brouillard, se perçoivent.

Cette installation s’intéresse à la qualité de l’air et sa représentation. Les vallées de l’Arve et de l’Isère, sur le flanc desquelles ont été construites de vastes infrastructures sanatoriales ( les sanatoriums du Plateau d’Assy, et ceux de Saint-Hilaire-du-Touvet) présentent une situation problématique à cet égard. Elles sont parmi les endroits les plus irrespirable de France. La vallée de l’Arve bénéficie d’un plan de protection de l’atmosphère (PPA). L’usage de cheminées à foyer ouvert est définitivement interdit depuis le 1er janvier 2022. Il en est de même dans la vallée d’Isère.


On peut se demander comment se fait-il qu’il fût encore nécessaire d’interdire ces dispositifs de chauffage au bois à foyer ouvert en 2022 alors que dès les années 50 leur sort semblait réglé. Signe d’un arriéré décoratif refusant les bienfaits du modernisme, sales à l’usage, ils devaient être remplacés par un dispositif électrique alliant confort esthétique et propreté.

La nature de l’idéal moderniste était encore parfaitement habitable pour peu qu’elle soit taillée au cordeau, et aussi bien rangée que son bungalow.

Habitable ou inhabitée.

Au milieu de la montagne, l’ancien sanatorium des étudiants du Plateau-des-Petites-Roches où Roland Barthes a effectués plusieurs séjours, aujourd’hui complètement détruit.

Exposition Là où Je me terre, ISELP, 2023 © photo : Jean-Jacques Sérol

Vernissage Exposition Là où Je me terre, ISELP, 2023 © photo : Jules Toulet 

Extinction des feux est une étape du projet de recherche [table [rase] campagne]

1Charvolin Florian, Frioux Stéphane, Kamoun Léa, Mélard François, Roussel Isabelle, Un air familier ? Sociohistoire des pollutions atmosphériques, Presses des Mines, Paris 2015, p. 21.

2 En 1888, un professeur français, d’ingénierie agricole Maximilien Ringelmann met au point une carte étalon qui porte son nom destinée à déterminer visuellement la densité ou l’opacité apparente d’une fumée. Ringelmann a fourni une spécification sur la façon de les dessiner ; où le niveau de fumée 0 est représenté par du blanc, les niveaux «1» à «4» par des grilles carrées de 10 mm dessinées avec des lignes larges de 1 mm, 2,3 mm, 3,7 mm et 5,5 mm et le niveau 5 par tout noir. Son utilisation s’est rapidement généralisée. En 1967, l’U. S. Bureau of Mines la publie encore dans la circulaire 8333.


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