L’artiste en historien amateur (Méaux D.)

Ce texte de Danièle Méaux, publié dans la  Nouvelle revue d’esthétique 2020/1 (n° 25), s’intéresse au projet classement diagonal et à ses trois formes de présentation : l’exposition, le livre, la conférence. Elle approche ce travail par sa dimension non autoritaire y relevant une position d’amateur qu’elle évalue gage d’ouverture démocratique.

L’œuvre de Bruno Goosse Classement diagonal exemplifie la tendance qui consiste, pour certains artistes contemporains, à entreprendre des enquêtes proches des recherches menées en sciences humaines, et particulièrement en histoire. Au travers d’une démarche spécifique, Classement diagonal questionne les processus de valorisation, de conservation et de patrimonialisation diversifiés qui ont affecté le champ de bataille de Waterloo, depuis 1815. L’exploration minutieuse conduite par Bruno Goosse pendant près de trois années a autorisé trois formes de présentation – une installation, un livre, une conférence – qui, chacune à leur manière et non sans humour, font progresser la réflexion sur les mécanismes et les enjeux de la patrimonialisation, comme sur le régime d’historicité qui est celui de notre époque. L’artiste belge, s’il s’attelle à une étude historique, ne le fait pas en savant, affublé d’une autorité institutionnelle ou d’une accréditation universitaire, mais en amateur. Cette situation inconfortable lui permet d’interroger les idées reçues quant aux délimitations des arts et de la science, de la raison et de l’imagination, de la forme et du fond…

The artist as an amateur historian

Bruno Goosse’s work “Diagonal Classification” exemplifies the tendency for some contemporary artists to undertake investigations close to the research carried out in the social sciences and humanities, and particularly in history. Through a specific approach, it questions the diversified processes of valorisation, conservation and heritage that have affected the Waterloo battlefield since 1815. Bruno Goosse’s meticulous exploration over nearly three years has led to three forms of presentation – an installation, a book and a conference – each of which, in its own way and not without humour, advances the reflection on the mechanisms and issues of heritage conservation and the historicity system of our time. This uncomfortable situation allows him to question the preconceived ideas about the boundaries of art and science, of reason and imagination, of form and substance…


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